PROJET POUR SAUVEGARDER LE POTENTIEL DE BIODIVERSITÉ AGRICOLE AU SUD ET À L’OUEST DU PARC NATIONAL MADIDI (BOLIVIE)

INTRODUCTION :

La diversité biologique constitue actuellement la plus grande richesse potentielle des pays appauvris. Les perspectives de son exploitation adéquate et rationnelle, sont liées aux connaissances concernant leur usage. Ces connaissances sont également une richesse potentielle conservée par les cultures locales. Cependant, tout ce flot de ressources (aliments, médicaments, pigments, fibres, ornements, parfums, insecticides, additifs, résines, etc), n’est pas exploité économiquement par les populations locales. En effet, les perspectives dominantes de production de richesse sont axées sur l’une ou l’autre monoculture, selon les tendances du marché.

En ce sens, la monoculture agricole et la conservation et exploitation rationnelle de la biodiversité non seulement sont incompatibles, mais il existe aussi une conséquence totalement négative sur la biodiversité à cause de l’usage d’intrants externes synthétiques, tels les pesticides.

La Bolivie est un pays qui détient une grande variété d’écorégions, chacune avec des caractéristiques différentes. Pour cette raison, elle est classée parmi les dix pays détenant la plus grande richesse en biodiversité, avec la première place mondiale en avifaune, mammifères, plantes ornementales, etc. Le département de La Paz est l’un des plus riches en biodiversité, avec une grande hétérogénéité d’écosystèmes, qui se reflètent dans un grand potentiel de ressources naturelles. Cette situation a fait de ce département un des plus fragiles par sa situation stratégique, sa richesse en ressources naturelles et le manque d’une volonté politique de l’État pour promouvoir l’usage durable de ces ressources et leur conservation au profit des populations locales.

En Bolivie, depuis quelques années, on commence à se rendre compte que les ressources des forêts primaires –qui recouvrent plus de 40% du territoire national- constituent des écosystèmes complexes et fragiles, qui renferment une énorme biodiversité biologique en équilibre délicat. La richesse et les potentialités de cet équilibre résident dans le maintien de cette diversité biotique.

C’est dans cet esprit que le gouvernement bolivien a entamé, depuis quelques années, un processus de création de Zones Protégées, avec l’objectif de sauvegarder des régions peu dégradées, de valeur significative pour la conservation de la biodiversité, et dotées d’une grande variété d’habitats et d’une extraordinaire richesse d’espèces et de paysages.

En 1997, le Gouvernement bolivien a créé le Parc National Madidi, qui couvre deux millions d’hectares et des étages écologiques qui vont de 150 m (savanes et forêts amazoniennes, de plaine) à 6000 m d’altitude (Cordillère d’Apolobamba), en passant par des écosystèmes tels que les forêts humides et sèches jusqu’à 4000 m, puis les prairies d’altitude de 4000 à 5000 m, et enfin la puna et les glaciers. Ces écosystèmes recèlent une variété de flore et de faune uniques sur le continent, selon les études réalisées par l’herbier national de Bolivie et des missions biologiques de différents pays.

Malheureusement, et malgré les propositions concrètes faites dans les années 80 par un groupe d’écologistes boliviens (SADEVER*), on ne donna aucun pouvoir de décision ni de gestion du parc aux communautés indiennes vivant dans le parc national ou dans la zone tampon.

*SADEVER fut fondé en 1984 sur proposition de l’auteur du présent projet, dans le but d’appuyer la création du parc Madidi, avec comme corollaires le recrutement de gardes forestiers indiens nommés par leurs communautés, et la création d’un réseau de « tambos » (« marchés-auberges » fortifiés) autour du parc, où se seraient vendus les écoproduits récoltés dans le parc. Les tambos auraient également servi de postes de contrôle aux entrées du parc.

Le résultat actuel est que les affrontements entre les communautés indiennes et l’administration du parc (SERNAP -service national des zones protégées-) empêchent tout développement économique de la région de la province Franz Tamayo. Les communautés veulent du développement, par l’exploitation des hydrocarbures, la construction de routes, une nouvelle délimitation du parc, et l’exploitation du bois. Pour éviter la destruction du parc, il est urgent de leur proposer des sources de revenus économiques plus durables.

Cette situation critique peut être renversée en proposant aux communautés des programmes subventionnés de participation au sauvetage de l’extraordinaire biodiversité de la région, entre autres la biodiversité agricole, qui se trouve en grand danger d’érosion par manque total d’intérêt de l’État (et aussi de nombreux agriculteurs) pour sa conservation et sa dissémination.

D’autre part, le contrôle de l’élargissement de la frontière agricole est essentiel pour la protection du parc. Quelques communautés commencent à prendre intérêt à la restauration des anciennes pratiques agroforestières. C’est ainsi que dans la communauté Virgen del Rosario (dite Tuichi), située sur les rives de la rivière Tuichi, qui traverse le parc d’Ouest en Est, s’est fondé en 2005 le Centre d’Agricologie Forestière « Alto Tuichi ».

Le Centre travaille maintenant dans les communautés quechuas de Santa Cruz del Valle Ameno et de Tuichi, et se consacre à la recherche sur la biodiversité agricole et les ressources végétales sylvestres autochtones et endémiques du parc qui sont utilisables dans les parcelles agroforestières. Ce domaine de recherche, jusqu’à présent, n’a reçu aucun appui logistique ou financier de la part du gouvernement ou des ONG.

Cette énorme richesse de plantes sélectionnées et cultivées depuis des époques très anciennes se trouve maintenant en grand danger de disparition. En effet, dû à l’exode vers les villes ou les tropiques, l’agriculture en altitude (200 à 4500 m) est abandonnée. De plus, le nombre de cultivars dans tous les étages écologiques diminue dramatiquement, année après année. Par exemple, en région tropicale et subtropicale, le riz a déplacé de nombreuses cultures traditionnelles.

Après des années de recherches sur les variétés de plantes à usage alimentaire, artisanal et médicinal, sylvestres ou cultivés, endémiques de la région, le but du Centre Alto Tuichi est de créer des prototypes de cultures multi-étagères, combinant à chaque étage écologique la plus grande diversité de plantes possible (racines, tubercules, légumes, céréales, légumineuses, quenipodées, arbustes, lianes, arbres de port bas, moyen, haut et dominant). On associe ces plantes entre elles en prenant en compte leurs besoins en ombre et en lumière, leurs systèmes radiculaires, la largeur de leurs houppiers, leurs intercompatibilités biologiques (plantes « compagnes »). On incorpore à un tel agroécosystème des plantes fourragères ou mellifères, d’usage médicinal ou artisanal, et de préférence des plantes à usages multiples. Ce type d’agoécosystème se nomme aussi « permaculture » (cultures avec couverture permanente du sol).

Dans une seconde étape, le Centre offrira aux agriculteurs des différents étages écologiques, la possibilité de se fournir et de produire ensuite eux-mêmes tout le matériel végétal indigène (semences, boutures, plants, greffes) de leur zone, une fois qu’on aura démontré l’intérêt économique de ces produits –pour la plupart inconnus dans le pays lui-même- dans les marchés nationaux et internationaux. Cette banque de semences assurera l’indépendance économique du Centre Alto Tuichi.

Nous présentons ci-dessous quelques résultats de nos recherches et expérimentations, comme des exemples possibles de permaculture ou de systèmes agroforestiers :

– le cycle agricole dans les Chaupiyungas (1) de l’Antisuyu précolombien (actuellement vallées tempérées de la Cordillère orientale du Pérou et du Nord et du Centre de la Bolivie)

Par Bruno de Roissart, agriculteur durant sept ans dans une communauté quechua du Chaupiyunga de la frontière boliviano-péruvienne.

Le Chaupiyunga est la bande de terres andines, sur le versant amazonien où les températures se situent entre 0 et 30°C à l’ombre.

Sur la frontière entre la Bolivie et le Pérou, ces terres s’étendent de 2200 à 2900 m d’altitude. Cet écosystème agricole était le plus productif de l’empire inca.

2 A. Dans les terres irrigables ( qarpanayujcharjra )2

1- Chajmana : en mars ( fin des pluies), la terre se trouvant en repos (puruma) depuis de nombreuses années, on la retournait avec la chaquitajlla (pelle inca) ;

2- Qorpana : les mottes sèchent au soleil en avril. En mai, on secoue leurs mauvaises herbes avec la laucana (petite houe) ou on les frappe avec la qarpana (masse de bois)

3- Ruphana : on brûle les adventices en tas distants de plus ou moins dix mètres, tout le long des terrasses de culture. On laisse la moitié des cendres sur place ; l’autre est répandue dans tout le champ.

4- Pirqana : on reconstruit les murs de pierre des terrasses tombés, en suivant les courbes de niveau. La terre la plus riche, tamisée, est transportée à dos de lama depuis la terrasse la plus basse jusqu’à la plus haute, pour éviter toute perte de terre lors des travaux postérieurs.

5- Qarpana : en juin, après le nettoyage des canaux d’irrigation, le tracé et l’excavation des canaux subsidiaires dans le champ lui-même, on arrose la terre abondamment.

6- Tarpuna : le jour suivant, on sème la pomme de terre milli (variétés hivernales de vallée : pommes de terre imilla et runa) en khanis (groupes d’environ dix sillons fermés avec un dernier sillon perpendiculaire pour contenir l’eau d’irrigation) ; sur les tas de cendres -riches en potasse- sont semés des potirons.

Sur le pataqochu (pied du mur de la terrasse) est semé du miqulla (legumineuse grimpante) pour qu’il grimpe et produise de l’azote dans cette zone, toujours plus pauvre en engrais. Dans le patajawa (bord extérieur de la terrasse), on plante des kulli (choux andins), pour retenir et profiter des éléments les plus fins du sol que l’eau d’irrigation charrie.

7- Papa qarpana : la saison sèche durant d’octobre à novembre, chaque fois qu’il est nécessaire, on irrigue la pomme de terre et ses cultures associées.

8- Papa llanqana : en juin, premier désherbage de la pomme de terre. Là où les semences n’ont pas germé, on sème des racines comestibles : arrachaca, walusa, camote, chiri, llakon.

9- Papa quturna : fin juillet, on butte les pommes de terre.

10- Milli sara tarpuna : en août, après le buttage des pommes de terre, on sème du maïs précoce dans le fond des sillons, de préférence la variété zena, parce que son épi résiste mieux aux pluies durant la maturation. Associé au miqulla (légumineuse grimpante) et au lacayote (calebasse).

11- Pomme de terre allana : en octobre on récolte les pommes de terre : la terre remuée par cette récolte tombe au fond des sillons, où le maïs pousse déjà. On réalise ainsi automatiquement un premier désherbage et un buttage de celui-ci.

Les potirons, choux, haricots, arracachas, walusas, patates douces, chiris et llakons, buttés par la même opération, vont enfin arriver à leur croissance maximale. Le potiron mûrit mieux à l’ombre du maïs, cependant que la callebasse y pousse et y fleurit mieux.

Les calebasses vont mûrir quand les feuilles du maïs vont sécher. Dans cette permaculture (culture permanente) super-écologique quechua, tout est calculé pour obtenir les meilleures rotations et associations de cultures, la meilleure utilisation du terrain et de ses éléments nutritifs, et l’économie totale de la terre, en maintenant toujours le sol couvert de végétation.

12- milli sara qûturna : en décembre, grand buttage du maïs précoce et du miqulla.

13- allana : de novembre à mars, on récolte tout ce qui a été semé avant le maïs : successivement le miqulla du fond des terrasses, les potirons, les choux andins, et les racines comestibles : patates douces, walusas, racachas, chiris et llakons.

14- Milli sara tipîna : en février, on récolte le maïs précoce en épis laiteux.

15- Sara tarpuna : un système qui est beaucoup plus répandu pour les moindres risques de pourriture de l’épi, est de semer du maïs, associé au miqulla, comme toujours, en novembre ou début décembre, après la récolte de pommes de terres, dans tous les emplacements qui ne sont pas occupés par les légumes associés à la pomme de terre. On réalise le buttage de ce maïs en décembre ou janvier, et son dépiquage en février ou mars.

16- Sara tipîna : en mai ou juin, on dépique le maïs, on bat le miqulla, et on range les potirons. On ne sort de la semence de maïs, miqulla et potirons, que de cette récolte d’hiver.

17- Chajra ruq’ana : en juilllet, le seul mois de l’année pendant lequel la terre est sans cultures, on fait pâturer les lamas et alpacas de bât des acheteurs de maïs venus de l’Altiplano ou de la Puna (haute Cordillère) ou des vallées de haute altitude. Ils broutent dans le champ pour le nettoyer des tiges, débris et adventices, et en même temps l’engraisser.

18- Racacha mallkina : en août, dans ce champ disposant d’irrigation, on sème la racacha et d’autres racines et légumes avec la chaquitajlla (pelle inca), sans aucune préparation du sol, puisqu’il est déjà nettoyé et engraissé par les animaux. On irrigue les racines jusqu’aux pluies (novembre et décembre), et elles terminent leur croissance avec les pluies. On réalise un désherbage et un buttage. La racacha a un cycle végétatif qui varie de 9 à 18 mois selon les variétés (blanches, jaunes, violettes).

Si on continue à engraisser la terre chaque année, on peut recommencer indéfiniment le même cycle agricole, avec des variations de détail. Les dix-huit opérations agricoles mentionnées ci-dessus se réalisent dans le même champ, ce qui permet à chaque famille de disposer d’une grande variété de récoltes tout le long de l’année, sur peu de terrain, à la condition de disposer d’irrigation.

2B. Dans les terres non-irrigables2

Après avoir réalisé les travaux de chajmana, qorpana, ruphana y pirqana (voir plus haut), on réalise un semis par an durant environ cinq ans, jusqu’à ce que la terre soit trop pauvre.

An 1 : hanqa sara ( maïs à griller), associé avec du miqulla. Semis en novembre. Récolte en juin.

An 2 : maïs à consommer égrainé, en pain, en bouillie, en huminta (gâteau au maïs), en chicha (bière de maïs), etc, associé avec la miqulla (et lupin). Semis en novembre ou début décembre. Récolte en mai ou juin.

An 3 : pomme de terre pureja (produite en trois mois), seule. Semis en février, récolte en mai. Peut être associé au misillu (légumineuse précoce, à tige rigide non grimpante).

An 4 : quinoa ou amarante (quenipodées), asociées au lupin.

An 5 : lupin seul, misillu seul, quinoa ou amarante associées au lupin. On laissait ensuite la terre en friche quelques années.

3 Il existe des cultures marginales3

1° : en potagers, comme le uchu (piment), la papaye d’altitude, la tomate arborescente et les légumes précolombiens (yuyus) (cfr l’étude du même auteur sur l’alimentation dans les hautes Andes) ;

2° : le long des chemins incas, on plantait des arbres fruitiers, médicinaux, utilisables en menuiserie, etc, pour récupérer l’engrais des excréments des animaux de charge et procurer de l’ombre aux voyageurs.

3 L’engrais, de 4 types :3

1° : pour les cultures les plus exigentes : guano des oiseaux de la côte pacifique et têtes de poissons (un grain de maïs enterré dans une tête de sardine ou de suchi)

2° : pour les cultures courantes ( sauf la quinoa, l’amarante et le lupin qui n’ont pas besoin d’engrais) : excréments de lamas et d’alpagas.

3° : pour le semis de pomme de terre, excréments de cochons d’Inde

4° : pour le potager familial : un compost fait à partir d’ordures domestiques, cendres, poils, os, plumes, sang, vieux cuirs et vêtements, excréments humains, etc.

[* Les innovations agricoles importées par les Espagnols furent :*]

1- l’araire égyptien, tiré par des bœufs, qui déplaça la pelle inca.

2- de nouveaux cultivars, qui ont été intégrés à l’ancien cycle agricole :

-la fève et le petit pois, qui déplacèrent le miqulla et le lupin ;

-le blé, qui déplaça la quinoa et l’amarante ;

-le pêcher et autres arbres fruitiers d’origine européenne

Nouveaux et anciens outils et plantes continuent à cohabiter.

La principale amélioration du système précolombien que j’ai pu expérimenter est le semis d’une légumineuse fourragère, comme la vesce, la luzerne ou le trèfle, au moment de laisser la terre en friche. Cela permet de mieux alimenter les animaux, tout en engraissant la terre par l’apport d’azotes, et ainsi raccourcir le temps de repos du terrain.

(1) les termes techniques qui sont soulignés sont en quechua de Charazani.

2 – PERMACULTURE ARBORÉE ENTRE 500 ET 2000 METRES D’ALTITUDE EN HAUTE AMAZONIE À LA LATITUDE DU LAC TITICACA (Yungas du département de La Paz)2

En commençant avec des forêts primaires et secondaires, sans hache ni allumettes (ni abattage, ni brûlis). Outils nécessaires : une machette.

An 1 :

 cercler (peler un anneau d’écorce à la base de l’arbre) tous les arbres sauf ceux utiles pour la construction, pour leurs fruits ou leurs propriétés médicinales ;

– couper tous les bambous et les utiliser pour les premières constructions ;

– dégager de petites clairières pour semer les arbres fruitiers au début des pluies.

An 2 :

 les arbres cerclés meurent lentement mais sont encore utiles quelques années comme support des lianes fruitières qu’on sème à leur pied. La luminosité augmente au niveau du sol à mesure que les arbres cerclés perdent leurs feuilles, ce qui permet la germination des semences d’arbres ou lianes fruitiers.

– en novembre, on coupe toute la végétation basse et on sème de la mucuna sauf là où poussent les jeunes arbres fruitiers. Cette légumineuse fourragère, à la croissance phénoménale, va tout couvrir, accélérant la décomposition de la matière organique (branches et adventices au sol). Les papayers et les bananiers commencent à produire.

An 3 :
– en juin, on récolte les semences de mucuna qui meurt ensuite, laissant un terrain débarrassé de toutes ses adventices, avec une abondante matière organique compostée, et un sol enrichi en azote ;

– en septembre ou octobre, on peut déjà semer du maïs, du manioc ou d’autres cultures annuelles ; les arbres fruitiers continuent à croître,

– en novembre on plantera d’autres arbres pour créer des cultures multi-étagères.

2CULTURES MULTI-ÉTAGERES DANS LES YUNGAS DE LA PAZ (forêt subtropicale humide entre 700 et 1800 mètres d’altitude)2

3 A. Strate supérieure (15 à 25 m ou plus)3

– Arbres forestiers : acajou, cerebo, laurel, cedro, noyer tropical.

– Arbres fruitiers :

*ako-ako (ou paquiu) (sous 1500 m) fructifie en septembre, octobre et novembre. Très haut.

*Manete : au-dessus de 1000 m. Feuilles semblables à celles du caféier, fruit orangé de la taille d’une fraise ou d’une nèfle, peau rugueuse, goût d’arbouse, crémeux et parfumé, fructifie fin janvier, haut et majestueux.

*Chima.- (au-dessous de 1800 m) palmier épineux, fruit vert et rouge, le faire bouillir ¼ d’h, mûr en janvier, février et mars.

*« Pomme » tropicale, « poire » tropicale.

*Thola : gros arbre à petits fruits qui mûrit toute l’année.

3 B. Strate moyenne (de 5 à 15 m)3

Avocatier ;

Carambole sauvage : en forêt sèche d’altitude, fruit jaune brillant, en forme d’étoile de 3 cm de diamètre, avec ou sans noyau, juteux et parfumé. Mûr d’octobre à décembre, arbre qui pousse à l’ombre, avec une belle écorce ;

Majo (ou sayal, ou chari) : palmier ; fruit mûr de janvier à avril, se consomme dissout dans l’eau tiède, goût de chocolat très fin ;

Taruma : de 1200 à 1800 m ; arbre majestueux, fruit vert, puis rouge, puis noir à mâturité (en mars). Fruit sucré, semblable à une grosse olive ;

Achachairu (ou camururo, ou p’otoï) : Pousse en semi-ombre. 3 variétés (une verte et deux jaunes). Mûrit en février et mars. La variété p’otoï est verte à l’extérieur, avec une chair blanche et crémeuse et un noyau de la taille d’une olive. Les deux autres variétés ont l’écorce jaune avec une chair blanche, l’une est petite, l’autre grosse ;

Palmier à cœur comestible ;

Lujma : mûr de janvier à mars ; fruit plus gros que la variété lujmillo, écorce du fruit également plus épaisse ;

Papayillo : fruit semblable à une petite papaye, mûr en février ;

Noix de cajou ;

Tamarin : légumineuse, gousse sucrée et acidulée, très parfumée ;

Manguier : mûr en février et mars ;

Pujllay kaspi (type indigène de cassia) : légumineuse, fruit laxatif, mûrit en saison sèche ;

Agrumes : oranger et pamplemoussier ;

Pacay (ou k’ipopacay) : deux variétés sauvages sylvestres (une sur les pentes de montagne et l’autre en bordure de rivière) et de nombreuses variétés cultivées. Légumineuses : gousses à chair sucrée et cotonneuse. Fruits mûrs de janvier à mars ;

Papayer : a besoin de lumière, fructifie toute l’année.

3 C. Strate basse (jusqu’à 5 m)3

Bananiers : au soleil ou en semi-ombre, fructifie toute l’année. Deux types :

° à cuire : turco, bellaco, ubito, barbaro, etc.

° à consommer cru : isla, seda, guineo, brasil (pelure rouge et chair rougeâtre), enano, mataborracho (ou manzano), enano real et juchui enano.

Mandarinier : a besoin de lumière, mûr d’avril à juin ;

Citronnier : a besoin de lumière ; mûrit toute l’année ;

Lime : en semi-ombre ; mûrit de mars à octobre ;

Annone : en semi-ombre ;

Goyave sauvage : peau jaune, chair rosée ou blanche (plus rare et plus sucrée ). Mûrit de mars à mai et plus tôt en altitude ;

Vanille sauvage ;

Motacu (ou ubito) : palmier dont on consomme l’amande du fruit, produit une huile d’usage capillaire, mûrit toute l’année ;

Courge spaghetti : liane, à l’ombre ou en semi-ombre.

3 C. Au niveau du sol3

Ananas : ° Variété sauvage : en semi-ombre (mûre en janvier et février).

° Variétés cultivées : au soleil. Mûrit toute l’année ;

Patate douce : en semi-ombre de manioc ou bananier ;

Sous les pacays et les goyaviers sauvages : semer caféiers, haricots, chirwi (type d’haricot), tomate-cerise, coton, piment et fruit de la passion (et sa variété sauvage appelée hopoqolo : écorce violette, pousse au-dessus de 2000 m) ;

Sous le manioc : la coca au début de sa croissance ;

Autres associations (de la strate haute à la strate basse) : manete, avocatier, papayer (fructifie en neuf mois et dure peu d’années), pacay (pousse rapidement), tamarin, agrumes (poussent lentement, grande longévité), annone et caféier.

2 LÉGUMES TRADITIONNELS2

3 A. RACINES3

o Llankuma (llakon) : se consomme cru, cœur jaune pâle entouré de violet, tige droite, ramifiée, de 1,50 m.
o Chuki oca : se consomme sous forme de p’uti (bouilli). Arbuste de 60 cm de haut, longues feuilles semblables à celles du bambou.
o Motosiu : racines de 5 cm de diamètre, tiges de 1 m de haut, feuilles semblables au chiri.
o Muk’ulo : racines violettes et blanches, de grande taille, liane forte comme un câble, plante sauvage.
o Achira : feuilles et fleurs violettes.
o Amaspeque : racines contenant un amidon utilisé entre autres en médecine pour les maladies de foie et d’estomac. Prix élevé.
o Camote (patate douce) : racines jaunes, violettes, rouges ou orangées.
o Walusa : très grandes feuilles vert foncé
o Japon (appelée uncucha à Cusco) : feuilles vert sombre.
o Runtu maya : grosse racine jaune en forme d’assiette, feuilles vert foncé. Se cultive comme la walusa.
o Maya : racines de 10 à 20 cm de diamètre, grandes feuilles vert franc.
o Kanka maya : semblable au maya. La base de la tige (30 cm) se mange grillée. Se multiplie par rejetons.
o Palillo : sa racine est utilisée pour teindre en jaune les aliments. Prix élevé.

3 B. FEUILLES3

· Kulis : choux sylvestre à grandes feuilles (5 cm de large, 50 cm de longueur). À la saison des pluies, on consomme ses jeunes feuilles pour accommoder les tortillas.

· Llutu yuyu : pourpier subtropical à grandes feuilles vert franc.

· Pourpier vrai : à petites feuilles, qui jaunissent en saison des pluies.

· Qoimi (amarante) : on consomme les feuilles avant la floraison.

3 C. FRUITS3

o Chillitotomate : tomate-cerise. La seule tomate qui ne pourrisse pas à la saison des pluies. Plante insectifuge. On trouve en forêt d’autres variétés sauvages, de couleur rouge ou jaune, certaines très sucrées.
o Papa mocona (ou papa al aire) : gros fruit d’une liane, se cuisine comme la pomme de terre.
o Inca inchis (ou mani al aire) : liane dont les fruits se consomment comme l’arachide (en sauce ou grillées). Goût très fin.
o Deux arbustes (de 1,20 m et 1,50 m de haut) dont les fruits (5 mm de diamètre) en grappe, noirs ou turquoise, mûrissent à la Toussaint.

3 D. CÉRÉALES3

· Qoimi (amarante) : tige de 2,50 m de haut, très chargée de minuscules graines jaune doré.

· Maïs : – cubano blanco et cubano amarillo (mûrissent en 3 mois) pour les poules et les êtres humains.

– maïs chullpi (4 mois). Au-dessus de 1500 m d’altitude.

– pasangalla (4 mois)

– watasara (5 mois)

– maïs amarillo (5 mois), se consomme en chicha (bière de maïs) et humintas (gâteau de maïs)

– maïs perla : 5 à 6 m de haut ; fructifie comme le sorgho, grains minuscules indiqués spécialement pour les poussins.

3 E. HARICOTS3

o Noventon ou cubano : (produit en 3 mois) grain petit, violet, noir ou blanc ; ne grimpe pas et ne ramifie pas.
o Cochabamba poroto : (4 mois) violet
o Huacaporoto : (4 mois) grain semblable à celui du cacao, rond ; blanc, jaune ou noir moucheté de blanc ou de rouge.
o Moraporoto : (4 à 5 mois) liane, grains de nombreuses couleurs.
o Misillu : ( 5 mois) plante petite, érigée. Petit grain blanc ou jaune.
o Chirwi : ( 5 mois) longue gousse, très petits grains blancs, noirs ou bruns.
o Palomañawi* : (7 à 8 mois) grand, rond et rosé.
o Curpusporoto* : (7 à 8 mois) blanc.
o Pallaris* : (7 à 8 mois) grands grains.
o Wataporoto : (10 mois) blanc, noir ou jaune.
o Chicharilla (ou pitipoa à Cusco) : arbuste, pluriannuel ; peut durer 20 ans si on le taille chaque année à 10 ou 20 cm du sol.
o Chiliporoto *

* Haricots fructifiant en saison sèche

3 Le projet 3

o Durée : 5 ans pour préparer les terrains et mettre en route les agro-écosystèmes à différentes altitudes.
o Lieux : – Santa Cruz del Valle Ameno (5 hectares) à 1800 m d’altitude

– Tuichi (3 hectares) à 950 m d’altitude
o Objectifs : – à court terme : recherche du matériel végétal et installation des agro-écosystèmes

– à moyen terme : dissémination (vente) du matériel végétal ; ateliers et cours sur place ou dans les communautés demandeuses.

– à moyen et long terme : recherche de marchés et commercialisation.
o Logique d’intervention :
1. Objectif principal : sauvegarder la biodiversité agricole du nord du département de La Paz
2. Objetif spécifique : constituer des agro-écosystèmes à Santa Cruz et Tuichi
3. Résultats

3.1 Recherche du matériel végétal

3.2 Installation des cultures multi-étagères

3.3 Former des représentants des communautés des provinces Franz Tamayo et Bautista Saavedra

3.4 Suivre la croissance des cultures

3.5 Compilation des leçons apprises (traces des expériences)

3.6 Diffusion des résultats au moyen de feuillets, édition d’un livre, d’une vidéo, etc.
4. Activités

4.1.1 Voyages dans les vallées inter-andines et tropicales du nord du département de La Paz

a) Ressources humaines : Bruno de Roissart et Ahieser Patty Mejia : salaire pour trois mois

b) Ressources matérielles : moto tout-terrain (6000 $US), combustible (3000 $US), billets de bus et logement – nourriture (1000 $US)

4.1.2 Voyages dans le sud péruvien

4.2.1 Préparation de contenus et matériels

4.2.3 Convocation à des formations

4.2.4 Exécution des ateliers et des cours

4.2.5 Évaluation des formations et suivi des expériences dans les communautés dont sont originaires les stagiaires des ateliers

4.3.1 Achat du terrain à Santa Cruz del V.A.

4.3.2 Préparation des terrains à Santa Cruz del V.A. et Tuichi

4.3.3 Semis et plantations.

4.3.4 Travaux agricoles de l’an 1

4.3.5 Récoltes de l’an1

4.3.6 Engrangement des récoltes de l’an 1

4.3.7 Classification et stockage des semences

4.3.8 Évaluation générale de l’an 1

4.3.9 Nouvelles cultures annuelles de l’an 2

4.3.10 Cycle complet d’entretien général des agro-écosystèmes de l’an 2

4.3.11 Cycle complet d’entretien général des agro-écosystèmes de l’an 3

4.3.13 Cycle complet d’entretien général des agro-écosystèmes de l’an 5

Devis 4.3.12 Cycle complet d’entretien général des agro-écosystèmes de l’an 4
Personnel :

 Bruno de Roissart : (Belge, 55 ans) agriculteur spécialiste en permaculture précolombienne dans les étages écologiques andins et amazoniens compris entre 500 et 5000 m d’altitude. Résident en Bolivie depuis 1974. Parle le Quechua. Ex-conseiller en agro-écologie précolombienne pour la fédération départementale Tupac Katari des paysans indiens du département de La Paz en 1984 et 1985. A participé en 1980 à la fondation de deux écoles de médecine herboristes Kallahuaya et de la Société bolivienne de médecine traditionnelle (SOBOMETRA). A participé en 2007 aux Commissions Agriculture et Environnement de l’Assemblée Constituante de Bolivie. Membre des communautés quechua de Santa Cruz del V. A. et Tuichi.

 Ahieser Patty Mejia : (Quechua bolivien, 24 ans) technicien agroforestier spécialisé en bioindicateurs des cultures des étages écologiques Chaupiyunga et Uraiyunga, et en agriculture biologique dans les subtropiques du département de La Paz.

septembre 24, 2007